J’ai publié mon premier roman cette année, et je vous fais un bilan de cette première expérience éprouvante mais gratifiante d’autoédition. Nous sommes le 31 mars, et Unicité, le tome 1 de Jamais deux sans trois, est sorti le 31 janvier 2023. Il y a donc deux mois qui me sépare de la parution.
Les origines
Jamais deux sans trois (JDST), dans sa forme initiale, n’avait rien à voir avec la version finale que je suis en train de produire sous forme de romans. C’était un truc lisible, certes, mais bourré de clichés et d’intrigues qui ne tenaient pas la route. Est-ce que je regrette de l’avoir écrit? Non. J’ai même conservé la version initiale. Je suis d’ailleurs en train de l’annoter pour une amie. Cette première version a façonné ma façon d’écrire, m’a prouvé que je pouvais terminer un travail de longue haleine. Mais ce n’était pas publiable en l’état. J’ai donc dû passer par la réécriture avant de me lancer dans la création matérielle elle-même.
La réécriture
J’aimerais dire qu’il n’y a eu qu’une seule réécriture, mais comme vous avez dû le lire dans un article précédent, ce n’est pas le cas. J’ai toujours été du type jardinier pour écrire, alors je n’avais pas de plan, et c’est en écrivant chapitre après chapitre que mon objectif avec cette histoire s’est clarifié. Par conséquent, quand j’ai décidé qu’il était temps pour moi de l’envoyer à quelques maisons d’édition, j’ai eu du boulot.
Beaucoup de boulot.
Mais pas autant que quand j’ai décidé de l’éditer moi-même. J’aborderai les raisons qui m’ont poussée à choisir l’autoédition dans un autre article. Ce que peu savent, c’est que oui, il faut une certaine qualité à un texte avant d’être envoyé en maison d’édition, mais si le texte est accepté, la maison d’édition voudra sûrement le modifier pour rectifier certains éléments, qu’ils soient problématiques ou juste moins actuels. En choisissant de me charger moi-même l’édition de ce roman, je devenais aussi éditrice et responsable du marketing… j’ai donc pris du recul envers mon travail et j’ai défini la ligne directrice de la série, l’objectif, le public cible, etc., ce qui permettait ensuite d’aiguiller la plupart de mes choix éditoriaux.
La création matérielle
Après la réécriture, qui a été éprouvante, est venue la partie du travail qui m’a demandé le plus d’énergie, dans les faits, mais qui s’est révélée beaucoup plus amusante. Créer le roman, l’objet d’art, comme certains l’appellent. Trouver une nouvelle image, plus attrayante, pour la couverture; décider si je conservais le titre de la série; choisir l’agencement des éléments de la mise en page, de la police de caractères du texte lui-même à celle des en-têtes; définir l’apparence de la quatrième de couverture, y compris l’emplacement du résumé, du code QR, du numéro ISBN, de ma biographie, etc. Ça a été long et délicat, vu que je n’ai jamais fait de graphisme plus poussé que des publications sur Instagram. J’ai utilisé Canva, qui est, à mon avis, très convivial et simple d’utilisation. J’ai une licence pro, laquelle me permet d’avoir accès à plein de d’options intéressantes, dont le redimensionnement magique. Je reviendrai là-dessus aussi, promis!
La première de couverture
Ça a été l’élément le plus facile à boucler, j’avoue. Même si j’ai dû chercher un moment avant de trouver LA photo qui me plaisait, le seul vrai questionnement auquel je me suis heurtée, c’était sur le type d’image que je voulais : une photographie, ou une image dessinée comme de nombreuses couvertures de feelgood? J’ai cherché des designs tout faits, mais rien ne me convenait. Tout me semblait trop enfantin avec l’idée que j’avais en tête. J’ai donc choisi de continuer avec ma préférence initiale : la photo d’un latté. La recherche a fini par porter fruits. La police pour le titre a été l’autre élément qui m’a causé quelques soucis, mais j’ai persévéré et demandé l’avis de ma sœur pour m’aider à trancher.
La quatrième de couverture (C4)
Cette étape a été celle où j’ai le plus réfléchi. Je voulais un modèle que je reproduirais pour les quatre tomes en minimisant les changements chaque fois, pour la cohérence, v’savez. Mais comme je ne m’étais jamais attardée à ce dont ont l’air les C4 des romans que j’achète, j’ai fait une étude. J’ai vidé une grosse partie de ma bibliothèque en ciblant les romances (mais j’ai regardé derrière des romans d’autres genres), et j’ai fait des croquis de tous les types de mises en page.
Ça a donné ça :

J’ai recensé les éléments qui revenaient le plus souvent, ceux que je trouvais important de conserver, ceux qui ne me semblaient pas essentiels, et j’ai hiérarchisé l’information en ordre d’importance. J’avais déjà l’image de fond. Ensuite, j’ai tout mis dans l’ordre convenu : accroche, résumé, biographie, réseaux sociaux et site Web avec l’ISBN au centre.
La mise en page
Oh, que j’ai des choses à dire à ce sujet! Je pourrais d’ailleurs en faire un billet complet. Peut-être plus tard. En résumé, j’ai fait l’essentiel de la mise en page avec Word, fichier que j’ai ensuite converti en PDF et en ePub (avec quelques modifications). Par contre, pour créer un PDF qui soit bon pour l’imprimeur, j’ai dû employer un logiciel de création de PDF. Comme j’avais quelques bogues avec le nombre de pages dans Word (je ne sais toujours pas, aujourd’hui, pourquoi ça a fait ça), j’ai dû adapter le PDF chaque fois en retirant des pages et en en ajoutant pour obtenir un nombre de pages équivalant à un multiple de 4 ou de 6. Ça a été un casse-tête, et chaque fois que je dois changer un truc dans le texte, je dois refaire ces manipulations, alors… je ne ferai pas la même erreur avec le tome 2, croyez-moi. Mais ça en a valu la peine. Le résultat final est superbe.
La fin du monde
À quelques semaines de la parution, alors que j’étais prête à lancer l’aboutissement de mon travail… les fichiers sont refusés par l’imprimeur. Il manquait des marques d’épine sur ma couverture, et mon fichier intérieur n’était pas à la bonne taille… à quelques millimètres près!
Inutile de dire que la panique s’est emparée de moi. Surtout que la mise en page avait déjà été exigeante!
Mais refusant de me laisser vaincre par une broutille (oui, oui!), j’ai relevé mes manches et j’ai recommencé. Trois fois. Je suis convaincue que la charmante dame chez l’imprimeur en avait marre à la fin, car j’ai remarqué à la toute dernière seconde que j’avais inversé mes marges intérieures et extérieures au moment de recalibrer le fichier.
Heureusement, elle s’est contentée de transmettre ces derniers (et ultimes, promis) fichiers au service de prépresse, ce qui m’a plongé dans l’horreur de l’attente.
Le reste — un apprentissage sur le tas
Le sous-titre est assez explicite, et cet article est déjà bien long. Les personnes qui me connaissent savent que l’organisation n’est pas mon fort. J’ai toujours eu une notion du temps floue, voire bancale. J’essaie de m’améliorer à ce sujet. C’est plus facile de gérer mon propre temps que mon impatience lorsque, finalement, le projet n’est plus de mon ressort (par exemple, quand j’ai envoyé le tout à l’imprimeur). J’ai fait des erreurs, moins que d’autres n’en auraient fait, vu mon bagage et mon expérience, mais certaines erreurs ont soit ralenti le processus, soit donné un coup de pelle métaphorique dans ma détermination.
Le fait est que si écrire un roman est déjà difficile en soi, alors le transformer en un objet concret peut sembler insurmontable dès qu’un grain de sable vient se loger dans un engrenage, même le plus insignifiant en apparence.
J’ai douté. J’ai juré, j’ai pleuré. J’ai failli abandonner alors que je touchais presque au but. Pourtant, comme pour les douleurs de l’accouchement qui s’estompent de la mémoire au fil du temps, aujourd’hui, il ne reste que la fierté du travail accompli.
J’ai réussi.
Oh, je me souviens de la souffrance, mais ce n’est plus qu’une vague notion.
Si j’ai cependant un conseil à donner aux personnes qui voudraient se lancer dans l’autoédition, c’est celui-ci : ne visez pas la perfection absolue, vous n’arriverez à rien.
Mon autre conseil : entourez-vous de gens qui sauront vous soutenir dans les hauts comme dans les bas et accrochez-vous, car ce n’est pas facile.
Ultime conseil : posez des questions, faites des recherches.
Pour conclure, j’ai beaucoup appris dans le processus, en posant des questions (oui, même au risque qu’on me réponde que je devrais le savoir) aux intervenants externes. J’ai aussi eu de l’aide de personnes merveilleuses, j’ai eu cette chance. J’ai souffert, mais j’ai grandi, et je suis maintenant prête à affronter le processus de nouveau pour Duplicité, le tome 2 de JDST 😉
Si vous connaissez des gens que cet article pourrait intéresser, n’hésitez-pas à le leur partager! Et si vous avez des questions, posez-les en commentaires ou écrivez-moi un courriel à vmmanseau@gmail.com!